20 Septembre 2017 :
Quand t’es en wheelchair et que tu dois prendre l’avion, t’éprouves toujours un peu d’appréhension. Une question te taraude en permanence : Dans quel état va arriver mon wheelchair ? Logiquement il doit être en bon état ! Je n’avais jamais eu de problèmes auparavant (plus de 60 vols avec mon wheelchair). Et puis « mon » wheelchair lui il ne lui arrivera jamais rien…parce que je suis vigilant et parce que je briefe les personnes qui vont l’amener jusqu’en soute. De toute façon ça n’arrive qu’aux autres ces histoires-là !! « Faites gaffe à lui c’est comme mes jambes «
20 Septembre 2017 :
Après un long vol en direction de la Californie nous voilà à l’aéroport de Los Angeles. Une hôtesse me prévient de l’arrivée imminente des quatre bras qui vont m’amener jusqu'à mon wheelchair (article : prendre l’avion en wheelchair sur le blog).
Ca y est je suis sorti de l’avion et suis assis sur un wheelchair manuel pour personne obèse. C’est la seule taille de wheelchair aux States. Ouais c’est vrai !! En gros c’est un peu comme si t’étais assis sur ton canapé deux places…mais sans le confort !! Le premier contact avec un américain sera « y es croit qué vot’ wheelchair à un péti pwoblème « !! (non il n’était pas créole) C’est étonnant qu’il ne soit pas certain !! Ca doit être une bricole… A l’annonce de cette nouvelle mon visage a bien évidemment changé de couleurs. Dans ma tête le chantier vient de s'installer !!
Comment ça se passe s’il est cassé ? « Pas de panique il n’était pas sûr, il peut s’être trompé ! »
Après une longue attente au poste des douanes, nous voilà accepté sur le sol américain. J’ai hâte de voir mon wheelchair, je suis inquiet pour lui !! Bah ouais on est déjà parti loin ensemble et puis il aime bien rouler sur les routes américaines…
Oulala ! Qu’est-ce qu’il lui on fait ? La roue arrière gauche est posée sur l’assise de mon wheelchair !! Et l’autre mec à la sortie de l’avion qu’était pas certain !! Je suis énervé à la vue de ce qu’ils ont fait à mon cher wheelchair... C’est une vision et un moment où tu te sens seul. Dans ma tête c’est la tempête !! J’ai bien compris que mon wheelchair ne serait pas réparable en une journée. Et puis il est déjà 19 heures.
Le responsable de Norwegian Airlines comprend la situation. Bon en même temps faut être abruti pour pas comprendre… Ce responsable prénommé Ever va tout de même me rassurer. Il nous dit que dès demain il nous appelle et qu’un autre wheelchair va m’être prêté.. En attendant je subis la vie sur mon wheelchair « canapé « d’aéroport !! Il m’a rassuré mais ce qu’il est mou le Ever !!
Mon wheelchair va dormir à l’aéroport de Los Angeles tout seul comme un grand !! Et nous nous attendons un shuttle pour nous déposer à l’AirBnb situé à quelques miles du downtown de Los Angeles. Il est 21h45 et nous voilà devant chez Andy et Emma. Il fait nuit et notre sommeil a pris du retard (pas toujours simple à gérer 9h de décalage horaire). Andy est un hôte super agréable. On lui fera part de notre histoire et de notre inquiétude sur la suite du voyage. La nuit porte conseil, allez au dodo.
21 Septembre :
Il est 9h30 et je m’impatiente déjà du coup de fil que doit nous passer Ever le responsable de Norwegian Airlines. Mon wheelchair « canapé « n’est vraiment pas fait pour moi. Il me faudrait manger aussi gras que les américains pour combler les vides !! Encore 80 kilos à prendre et il sera à ma taille… Je ne peux pas me déplacer avec lui. En fait je suis comme dans la peau d’une table de chevet que l’on déplace de coins en coins…
A l’AirBnb de chez Andy et Emma tous les voyageurs mangent à table. Ce moment est très convivial mais moi je vois l’heure qui tourne et toujours aucune nouvelle d’Ever…
A midi toujours aucunes news ! Etant pragmatique de nature j’annonce à Fanny que l’on va se rendre dans un magasin de location de wheelchair en prenant le taxi. Le responsable de Norwegian Airlines nous appellera pas j’en suis certain. De toute façon la compagnie aérienne prendra la location en charge… Andy veut nous aider à résoudre ce problème.
Andy a une bonne soixantaine d’années, il éprouve quelques difficultés à se déplacer. Sa rue grimpe tellement qu’il utilise un scooter en version wheelchair pour aller se balader dans son quartier d’Echo Park. Andy va être notre sauveur puisqu’il va décider de nous mettre en contact avec son vendeur de scooter/wheelchair. Il est 14h et Andy nous explique que son vendeur peut me louer un wheelchair électrique !!
Je suis rassuré. Depuis hier soir je suis très inquiet par la tournure des événements.
La disponibilité et la gentillesse d’Andy va aller jusqu’à nous conduire au magasin. Arès une vingtaine de minutes nous sommes devant Gary le vendeur. Devant moi sont placés quelques wheelchair. Je suis comme un gamin qui doit choisir son cadeau !!
Finalement le choix va être vite fait car les tailles américaines ne sont toujours pas à ma mesure… Mon choix s’est arrêté sur un fauteuil pouvant convenir à ma grande taille. En sortant du magasin, Andy nous dira qu’il était heureux de me voir retrouver le sourire ! Moi qui suis d’un tempérament souriant je dois dire que les vingt dernières heures ont été éprouvantes pour ma p’tite tête…
Eh oui un wheelchair est toujours réglé sur mesure. Tu ne le remplaces pas comme ça !
Avant de partir, Gary le vendeur me dira qu’il n’est pas certain de la batterie du
wheelchair.
Désormais rentrés chez Andy nous voilà libérés par ce problème de wheelchair . Libéré dans la logistique ce qui est le plus important pour le moment mais que le responsable de Norwegian Airlines n’ait pas donné de nouvelles me laisse pressentir la future galère. Bref, nous sommes allés nous balader vers Echo Lake. Comme nous avons la poisse depuis que nous avons posé les pieds (ou les pneus c’est selon !) aux States il était évident que les batteries du wheelchair étaient déchargées !! Je commence à en connaître un rayon des wheelchair mais je dois avouer que je n’ai jamais vu de batterie se décharger aussi rapidement…
Je ne suis pas tombé en rade de batterie trop loin de chez Andy. Pas trop loin mais au pied de la côte très pentue de chez Andy !! - « C’est pas grave je vais te pousser » me dit Fanny - « Je crois que tu t’rends pas compte de la difficulté ! Ca grimpe fort… ! »
Après 25 mètres de côte Fanny n’en peut plus. C’est un vrai effort d’être arrivée là sans aides. Par chance, un voisin est sorti pour se rendre à sa voiture. - « Do you need help ? » - « Yes with pleasure ! » Ah ouais il faut deux bras supplémentaire pour atteindre le « sommet de la colline…
Pour remercier Andy de son aide et de sa gentillesse nous offrirons le repas du soir. C’est d’après les dires d’Emma & Andy que Fanny ira chercher des tacos au FoodTruck situé au pied de la rue. Il paraîtrait que ce sont les meilleurs tacos du coin ! Enfin, le coin c’est L.A !! Pendant que Fanny sera en « Mission Tacos » je serai devant la fenêtre de notre chambre à contempler le soleil se coucher. Comme un chien en laisse à un poteau, moi je suis branché à la prise de courant… !
Après une demi-journée mon « wheelchair de loc » est déjà déchargé !! Force est de constater que les batteries sont nazes. Demain nous quittons Los Angeles pour rejoindre l’Arizona en empruntant la route 66. Pour ne pas être gêné par le faible rendement des batteries il est préférable de retourner voir Gary du magasin de location. Et encore une fois Andy va se proposer de nous y emmener !! Cette histoire de wheelchair nous fait vraiment galérer. L’essentiel est assuré : j’ai des batteries neuves sur le wheelchair de « loc » !! C’est parti pour plus d'un mois d’aventure dans l'ouest américain….
Dix jours plus tard à Sedona :
Nous venons seulement d’apprendre où était mon wheelchair !! Depuis dix jours Norwegian Airlines est portée disparu… Pas de nouvelles mauvaises nouvelles !! Finalement mon wheelchair dort à l’aéroport de Los Angeles tout seul sans personne pour lui tenir compagnie… Il est sur trois roues dans un placard ! Mon pauvre wheelchair, toi qui te faisais une joie de venir rouler dans les canyons. Je lui avais même pris une chambre à air supplémentaire en cas de crevaison… Je me suis inquiété pour lui. Depuis dix jours j’ai bien compris qu’on ne se reverrait qu’après les vacances. Tous les jours je le regrette.
Ah oui je t’ai pas dit mais les batteries neuves du wheelchair de « loc » ne sont pas très puissantes. J’ai toujours pas une autonomie géniale mais ça le fait quand même. En gros, je ferai pas le tour du monde avec… ! D’façon j’ai pas le choix.
Quelques jours plus tard :
Nous sommes à Palm Springs en
Californie. Comme d’habitude dans ce coin de la Californie il fait une chaleur torride. Nous sommes dans le Désert de Mojave. Depuis l’épisode des batteries déchargées nous avons parcouru du
chemin. Nous sommes passés par Seligman & Williams sur la route 66’, Grand Canyon, Monument Valley, Sedona, Lake Powell… J’ai appris à mieux connaître le wheelchair de « loc » et le moins que l’on
puisse dire c’est que j’ai toujours pas beaucoup d’autonomie. Je dois calculer mes déplacements pour pouvoir terminer les journées. Même s’il était comparable à une « superbe » chaise
de bureau je ne l’ai pas ménagé. Plusieurs fois il a fallu rebrousser chemin à cause des enlisements… Ceci dit les revêtements sableux, bosselés qui
montent et puis redescendent ne favorisaient pas l’économie des batteries. C’est l’aventure tu vas m’dire ?
Oui c’est vrai mais il y a eu des moments où je l’ai maudit !Je lui aurait bien crevé les pneus...
29 Novembre 2017 :
Ca sonne à ma porte ! Ah te voilà revenu à la maison mon « cher wheelchair » ! « Ah tu m’as manqué tu sais ! J’ai plein de trucs à te raconter…»
C’est donc un mois après être rentré au pays que j’ai récupéré mon fidèle serviteur… Non t’inquiete pas je suis pas resté coucher dans mon lit à l’attendre !! Norwegian Airlines m’a payé la « loc » d’un autre wheelchair qui pour le coup avait de l’autonomie mais manquait de longueur pour ma grande taille !! C’est ainsi que pendant un mois j'ai ressemblé à un crapaud assis sur une boîte d’allumettes…
Aujourd’hui 9 Février 2018 :
J’attends toujours le remboursement de la « loc » du wheelchair américain et le déplacement de Gary le vendeur pour récupérer le wheelchair…
Moralté :
Si t’as un choix norvégien à faire, choisis le saumon à l’avion…